Je me promenais le mois dernier pour profiter de la fraîcheur du soir quand je suis tombée sur un couple en train de déposer des meubles dans la rue. Les meubles étaient vieux et cassés, et j’ai pensé à une histoire de déménagement. Changement de saison, changement d’air, changement de vie. Le changement est partout en ce moment, en particulier dans les personnages des histoires de fiction qui sont, pour les principaux, bien différents entre le début et la fin d’une histoire.
Je pense qu’une bonne histoire ne peut se passer du changement. Le changement comme moteur d’évolution. Même une fiction basée sur l’action ou la création de monde (comme dans la SF et la Fantasy), ne peut faire l’économie de personnages qui subissent une transformation.
Quand je pense à mes personnages, je n’ai pas besoin de faire quinze pages de biographie, de savoir s’ils ont été élevés au sein ou au biberon, mais je me force à trouver leurs failles, leurs ambivalences, leurs contradictions, et leurs plus grandes peurs. Leurs goûts et leurs petites manies se développeront ultérieurement, au moment du premier jet, lorsque je découvrirai « pour de vrai » mon histoire.
Après, il n’y a plus qu’à appuyer « là où ça fait mal ». Là où le lecteur va se dire « il ne s’en sortira pas vivant, il est cuit ». Pousser le personnage dans ses retranchements fait partie du côté « sadique » de l’écriture. Car comme disait Nietzsche « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ».
Un peu comme dans la vraie vie, finalement, n’est-ce pas?
La vie qui est transformation, la vie qui, parfois, nous met la tête sous l’eau. Avec dans l’idée – spirituelle – , de nous éprouver, de nous inculquer des leçons, de nous mettre face à un gigantesque gouffre. Mais un mal nécessaire. On n’est pas là pour passer son temps affalé dans le canapé. Il fait boire la tasse avant de siroter l’hydromel.
Il est intéressant de voir comment les personnages de romans peuvent nous en apprendre sur la nature même de la vie. Finalement, il ne s’agit que de déployer ses dons et son intelligence pour éprouver cet élan que les tout jeunes enfants sentent pousser en eux lorsqu’ils grandissent et apprennent. Les bonnes histoires contiennent en germe des grandes possibilités de croissance. Je suis musicien mais j’ai peur de me produire sur scène. Je suis amnésique et je fais un bond de huit cents ans dans le futur (cf Au-delà de l’Horizon), je suis un garçon de 9 ans qui rêve d’un petit frère, mais je reste seul jusqu’au jour où…
Et vous, quelles sont vos plus belles expériences de transformation?