Ma vie d'auteure

Le jour où j’ai compris que je ne voulais plus cette vie

Je me suis réveillée un matin avec cette pensée sourde : je ne pouvais plus continuer. Fraîche émoulue du baccalauréat section littéraire, je venais de réaliser que j’avais fait une erreur.

Une grosse erreur.

Alors que l’illustre professeur dispensait son cours magistral dans l’amphi bondé où j’essayais de me concentrer sur un point de droit constitutionnel dont il était question, je me demandais pourquoi, mais POURQUOI j’avais choisi d’entreprendre des études de droit.

L’étudiant boutonneux devant moi noircissait des copies doubles à la chaîne, tandis que moi, je lisais du Baudelaire en cachette, au tout dernier rang, loin du regard scrutateur du professeur.

Au début de l’année, élève sérieuse et motivée, j’arrivais une demi-heure en avance pour occuper le premier rang et ne rien rater des commentaires d’arrêts et autres discours assommants sur des articles du code civil. Le gros bouquin rouge aux pages fines ne quittait pas ma besace, jusqu’au jour où je m’en étais délestée pour mes chers auteurs de la littérature française.

Mais ce matin là, c’était pire que tout. Impossible de me lever – ce que je fis tout de même pour ne pas inquiéter mes parents. C’était le mois de janvier, le froid était mordant, et je me sentais incapable de mettre les pieds à la fac.

Arrivée devant la grande entrée, une angoisse terrible me saisit, et je tournai les talons pour aller m’asseoir sur un banc public.

La tête entre les mains, je décidai que c’était terminé, je n’y retournerais pas. Un élève de travaux dirigés vint à ma rencontre – d’après les rumeurs, je ne le laissais pas indifférent – mais avec son air de fils à papa et son look vestimentaire à grand-papa, il ne m’inspirait que de la répulsion.

Je décidai de partir – fuir devrais-je dire – et tenter de me calmer. je marchai ainsi dans Paris pendant des heures. C’était la première fois que je « séchais » les cours – j’ai toujours été une élève modèle –, mais après un moment de panique, je me sentis étrangement apaisée.

J’essayai de réfléchir: pourquoi avoir choisi cette filière? Au premier abord, je m’étais dit que c’était une matière inconnue, et j’avais envie de découvrir d’autres choses. Mmh, la vérité me frappa de plein fouet: c’était bien maigre comme argument.

Depuis toute petite, j’étais une littéraire. Ma ligne de vie me portait naturellement vers les lettres. Je pourrais devenir éditrice, ou journaliste, ou correctrice. Ecrivain, peut-être, à mes heures perdues. Ça oui, ça me faisait vibrer. Mais notaire ou avocat? Fréquenter ce milieu terne et étriqué, terriblement bourgeois et sans âme? Epouser un homme en costume-cravate, avec son petit attaché-case, ennuyeux à mourir? Etait-ce ce que je voulais pour moi, pour mon avenir?

Je crois que ce jour-là, j’ai sainement réagi. J’aurais fini par m’étioler dans cette filière, étouffer ma pulsion de vie, tomber dans une torpeur minérale qui m’aurait tuée, au final.

Aujourd’hui, je ne le regrette absolument pas. A la rentrée suivante, grâce à une lettre de motivation bien tournée, je me suis réorientée, et j’ai pu entreprendre des études de lettres modernes à la Sorbonne.

Je n’avais plus besoin de dissimuler mon exemplaire des Fleurs du Mal.

Peut-être que toi aussi tu portes ce genre de fatigue muette.

Si ce texte résonne en toi, je t’offre une nouvelle inspirée de ce basculement. Elle est ici:

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Une nouvelle courte, intime et offerte,
pour celles et ceux qui cherchent à tout recommencer… sans tout détruire

Dans Un Souffle retrouvé,  je raconte un moment suspendu.
Celui où l’on sent que tout vacille. Celui où le silence devient trop lourd.
Un homme ordinaire s’arrête enfin pour écouter ce qui tremble en lui.
Un pont parisien, une trompette, et ce souffle qu’il n’a jamais osé suivre. Jusqu’ici.

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