Résumé :
Désert (1980), roman de J.M.G. Le Clézio, raconte deux récits parallèles liés par le désert et l’exil. L’un se déroule au début du XXᵉ siècle, où Nour, un jeune garçon berbère, accompagne son peuple, les « hommes bleus » du Sahara, dans une quête désespérée de liberté face à l’armée coloniale française. Nour incarne l’innocence et la dévotion, témoin d’un monde qui se désintègre sous le poids de l’oppression. Leur marche, empreinte de souffrance et de dignité, devient un voyage mystique vers un idéal perdu.
Le second récit, situé dans les années 1970, suit Lalla, une jeune fille d’origine berbère vivant dans les faubourgs de la ville côtière marocaine. Lalla est connectée à la nature et aux récits de son héritage nomade, mais elle est aussi confrontée à la misère urbaine et à une société brutale. Lorsqu’elle fuit un mariage forcé, elle se réfugie en Europe, où elle découvre la dureté de la vie d’immigrée, mais aussi une force intérieure qui la pousse à préserver son lien avec ses racines.
À travers ces récits, Le Clézio explore le déclin des cultures ancestrales face à la modernité et la tension entre la quête d’identité et l’exil.
Critique :
Désert est une œuvre d’une beauté lyrique et sensorielle. Le Clézio peint le désert avec une poésie envoûtante, en faisant un personnage à part entière, un espace à la fois oppressant et libérateur. Sa prose, riche et contemplative, capte l’essence d’une humanité en lutte contre l’effacement.
Cependant, cette richesse stylistique peut devenir un obstacle pour certains lecteurs. Les descriptions longues et minutieuses ralentissent parfois le rythme, rendant l’intrigue secondaire face à la puissance des paysages. Ce choix reflète peut-être la volonté de l’auteur d’évoquer l’éternité du désert, mais cela peut frustrer ceux qui attendent un récit plus dynamique.
Le roman brille par sa portée universelle : il célèbre les résistances face à l’érosion culturelle, tout en dénonçant la violence des colonisations et de l’exclusion sociale. Lalla et Nour incarnent une humanité résiliente, ancrée dans ses traditions mais ouverte à l’espoir. En somme, Désert est une œuvre exigeante mais profondément émouvante, qui interpelle sur le rapport entre passé et modernité.